septembre 3, 2024

Interview Bruno Sola

Bruno Sola, CDO du groupe Actual, entrepreneur dans la Tech
Interview réalisée en Juin 2023

Pouvez-vous décrire votre activité ?
Je travaille pour Actual Digital, qui a vocation d’accélérer le développement digital du groupe Actual, premier ácteur de l’emploi en France. Ma mission consiste à utilise le digital pour permettre à plus de monde de se former, et de trouver un emploi. En outre, offrir aux 3 500 collaborateurs d’Actual, les meilleurs outils digitaux. Je suis également business angel au service d’entreprises utilisant le digital, pour créer des solutions qui facilitent la vie.

Qu’avez-vous appris au fil du temps ?
J’ai appris de tout, de tous et j’ai appris sur moi aussi, j’ai appris qu’on pouvait apprendre de ses erreurs, c’est la chose la plus précieuse d’un point de vue entrepreneurial. Je crois à l’entreprise apprenante, au manager apprenant.

Quelqu’un vous a-t-il inspiré ?
Jack Ma, le fondateur d’Alibaba, au parcours atypique, Steve Jobs dont l’iPhone m’a inspiré pour créer ma première société, Il ne faut pas rester enterme sur son entreprise il faut s’inspirer de ce qui se fait ailleurs, l’entreprise est un réceptacle d’idées.

Quelles sont les erreurs d’un débutant manager ?
La première est de penser qu’il a toujours raison, de vouloir avancer seul, le dogmatisme, le manque d’écoute, le manque de collaboration, l’envie de vouloir être expert en tout. Jack Ma corrobore : « J’ai réussi dans la vie parce que j’ai toujours embauché des gens meilleurs que moi. » Une autre erreur est de négliger l’expérience, facteur de performance. L’erreur, c’est de penser que parce qu’on vous a nommé chef, vous l’êtes.

Dans votre équipe préférez-vous un génie avec un sale caractère, ou un gentil pas très génial ?
Un génie avec un sale caractère, sans hésitation. Il faut être honnête, les génies ont toujours un caractère relativement atypique.

Composez-vous votre équipe suivant la tâche à accomplir soit The right person in the right place at the right time ? Ou votre équipe reste-t-elle toujours dans la même composition quelles que soient les circonstances ?
Il faut mettre les bonnes personnes les bonnes compétences, au bon endroit. C’est une philosophie, il s’agit d’agilité. Il n’y a pas un business plan ou un plan d’action, écrit et présenté, qui soit respecté à la fin. Le monde n’est pas statique, les choses bougent et tout va très vite. Compétence, attitude, motivation sont les trois marqueurs clés pour positionner les bonnes personnes au bon endroit.

Pour vous, l’ignorance est-elle une faute ? Milan Kundera écrit « Si l’on était responsable que des choses dont on a conscience, les imbéciles seraient d’avance absous de toute faute. L’homme est tenu de savoir. L’homme est responsable de son ignorance. L’ignorance est une faute. »
Non, ce n’est pas le mot ignorance qui me choque, mais le mot faute, qui condamne trop. Je fais partie des 100 000 décrocheurs scolaires qui étaient, en théorie, « perdus pour la France ». Je ne peux pas penser que c’est une faute irréversible. Ce qui serait une faute pour moi, c’est de ne pas avoir envie d’apprendre, de ne pas avoir envie d’écouter, de ne pas se remettre en question. Si l’ignorance c’est de ne pas savoir, ce n’est pas une faute.

Quel type de personnalité recrutez-vous en premier ? Une attitude ? Si oui, laquelle ?
Je ne pratique pas l’entretien structuré, je recrute sur le ressenti, sur « le pourquoi vous êtes là ? » Il y a l’importance du regard, du sourire, des valeurs, du projet. Ma méthode de recrutement réside dans le discours au présent, la projection au futur, un rapide regard sur le passé, peu d’intensité sur les diplômes et tout ce qui va autour, sans doute est-ce dû à mon parcours atypique.

Quelle importance le charisme a-t-il pour vous ?
On ne peut pas le sous-estimer, ceux qui disent que le charisme ne compte pas, je n’y crois pas, en tout cas pas dans le monde d aujourd’hui ou l’image est importante. L’expérience et le parcours peuvent développer le charisme.

Pouvez-vous noter vos facteurs de réussite ?
Proposer des objectifs, mettre en place les moyens et en mesurer les résultats, c’est un premier élément de satisfaction, de succès. Mais les moyens pour atteindre l’objectif ne sont pas bons s’ils oublient l’humain.

Où se situe le dépassement de fonction dans votre équipe ?
Le dépassement de fonction est dans le Pourquoi. Il faut que chacun se sente acteur d’un projet, je dois faire en sorte que les collaborateurs aient envie d’écrire ce projet avec moi. Une fois cette adhésion opérée, chacun est responsable de sa partie et la gère de manière autonome et fiable, « La formation doit être désacralisée »

Comment entraînez-vous, formez-vous votre équipe ?
Par la pratique. En allant sur le terrain, en faisant des choses qui permettent d’apprendre en situation de métier. Ensuite, le partage, l’échange, l’écoute. La formation doit être désacralisée, aujourd’hui l’accès à l’information, à la communication et aux temps de formation sont utiles pour se grandir et grandir les autres.

« Le jeu construit la culture, est la culture » nous dit Johan Huizinga dans Homo Ludens: comment apportez-vous du jeu, de l’émulation, du plaisir, de l’entraide dans votre équipe ?
Le jeu est une des raisons pour laquelle l’ai écrit Wake Up – transmis à nos politiques L’éducation et nos écoles manquent cruellement de jeu, de plaisir, avec beaucoup d’enseignants qui ne sont pas bien dans leurs baskets.
Apprendre doit être un plaisir, il faut « gamifier l’apprentissage, pratiquer la ludopedagogie, donner des clés, des méthodes pédagogiques aux enseignants pour qu’ils prennent du plaisir à enseigner et à transmettre aux élèves. Nous sommes des éternels gamins, il ne faut pas oublier de s’amuser.
« L’échec est un diplôme qui construit les succès »

Au sujet de la remise en question, pensez-vous que les forces conduisant au succès deviennent par la suite celles de l’échec ?
L’échec est un diplôme qui construit les succès, la suffisance sur ces succès peut conduire à l’échec. Le monde bouge, les succès d’hier et d’aujourd’hui ne sont pas ceux de demain.

Sur quelles valeurs êtes-vous inflexible ?
La loyauté. Faîtes-vous de chaque élément de votre équipe un Michel Ange dans son domaine ? Une entreprise à lui seul ?
Il faut donner les moyens aux gens de se sentir libres, « intrapreneurs », responsables et engagés, Pour ça, il faut leur accorder la confiance, leur donner des moyens, l’autonomie et un cadre de référence clair qui leur permet de s épanouir et de donner le meilleur d’eux-mêmes.

Trois conseils à un jeune qui se cherche ?
« Ne calcule pas, engage-toi dans tes projets, développe tes relations avec les autres. Il est trop difficile de réussir seul. »

Quelle importance a pour vous l’exemplarité ?
Elle est déterminante mais ne doit pas être bloquante. Je dois être un exemple mais la différence d’âge avec les athlètes que j’entraîne m’autorise quelques écarts. Chacun à sa place. Par contre j’utilise l’exemplarité que peut représenter un autre sportif ou un des membres de l’équipe. On peut être pris en exemple sans être totalement exemplaire. Heureusement !

Entre le talent et la volonté quel est le carburant le plus puissant ?
La volonté, sans hésiter. Le plus précieux des talents.

Comment donnez-vous du champ à vos collaborateurs ?
La jeunesse des athlètes que j’entraîne m’impose d’être plutôt directif dans mon management. Néanmoins je leur laisse une relative autonomie lors de certaines phases d’entraînement. Cependant il n’y a pas vraiment de place pour l’improvisation dans l’entraînement de haut niveau !

Une question à laquelle vous auriez aimé répondre ?
Suis-je heureux dans mon métier ? Car manager est souvent vécu comme une contrainte en se confrontant aux caractères, parfois en montrant du doigt ce qui ne va pas. Mais partager mon enthousiasme et ma façon de concevoir la performance avec l’équipe est une chance. J’évolue dans un milieu particulier où la recherche de performance peut tendre les relations. Mais pour moi, entraîner
est un plaisir.

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